Résistance !

Comme c’était prévisible également, Emmanuel Macron a été élu, mal élu. Le second tour de l’élection présidentielle nous laissait un choix détestable entre le représentant assumé de l’ultralibéralisme destructeur du social, le défenseur de cette Europe de la concurrence en échec évident, et la candidate de la haine. Toutes les forces progressistes n’avaient même plus le droit de s’exprimer le 7 mai. On n’avait le choix qu’entre la peste ou les germes de la peste !

Cela montre bien le caractère insupportable de ce système d’élection du président de la république. Oui, il est urgent de changer de constitution ! Mais ce ne sera pas fait…

Les politiques destructrices de Sarkozy puis Hollande ainsi que celle menée par l’Union européenne ont fait monter dangereusement les thèses du Front national qui crée un climat détestable. L’élection de Macron, continuateur des politiques ultralibérales ne pourra qu’aggraver la situation.

Macron le mal élu : les 66% qu’il obtient sont loin d’être un plébiscite. En raison du nombre très important d’abstentions et de votes de refus, blancs ou nuls, il n’obtient que 43% des inscrits.
Et si comme le disent les sondeurs 43% des personnes ayant glissé un bulletin Macron l’ont fait uniquement pour s’opposer au FN et non pour soutenir Macron, alors il ne reste que 25% des inscrits à avoir fait un vote d’adhésion à ce personnage, créature de forces hétéroclites regroupant le PS, la CFDT, les centristes, une grande partie de la droite, le Medef, etc.. (on retrouve l’UMPS…).

Le record impressionnant de votes blancs et nuls montre bien le rejet de tous ceux qui se sont déplacés pour refuser le choix offert :

  • abstention : au 1er tour 22,2% au 2e tour 25,3% (1 086 000 électeurs supplémentaires)
  • votes blancs : au 1er tour 1,78%, au 2e tour 8,54% (un record !)
  • votes nuls : au 1er tour 0,77%, au 2e tour 3,02%

Le total des blancs et nuls représente 11,56% des exprimés, soit 4 055 000 d’électeurs qui se sont déplacés volontairement pour dire leur refus des deux candidats !

Macron qui ne propose rien d’autre que de poursuivre et d’amplifier cette politique ne recueille que 43.63% des votes de ce second tour. Il est donc minoritaire d’autant plus que nombre d’électeurs ont pris le bulletin Macron pour empêcher l’élection de Marine Le Pen (Ils seraient 42% des électeurs de Macron soit environ 8 millions) ! De fait le projet néolibéral de Macron est rejeté, rappelons qu’au 1er tour il n’avait recueilli que 24%!

Ces résultats confirment que la France est en crise politique avec un affrontement majeur entre les français qui aspirent à de vrais changements, radicaux, progressistes, sociaux, institutionnels et qui n’étaient pas représentés à ce second tour si ce n’est en partie dans l’abstention, les blancs et nuls, et le néolibéralisme dont Macron est devenu le représentant officiel mais dont l’audience électorale se réduit à chacun scrutin à la lumière des expériences dramatiques vécues par nos concitoyens.

Le clivage gauche-droite n’a pas disparu, il est plus fort que jamais !

Les attentes urgentes des premiers ne trouverons des réponses progressistes qu’avec ce qu’il est convenu d’appeler les valeurs de gauche alors que le néolibéralisme a lui pour traduction politique les valeurs de droite incarnées maintenant par Macron.

Plus que jamais donc avec cette présidentielle, le clivage gauche-droite n’a été si présent. Le néolibéralisme a trouvé une fausse réponse avec Macron qui rêve, comme avant lui Rocard, de mettre ensemble une partie de la droite avec une partie de la gauche socialiste pour cogérer cette crise politique, conduire la France à de nouveaux reculs sociaux et démocratiques et nourrir les confusions entre les valeurs des uns et des autres. Les appels du pied de Valls et d’Estrosi sont de ce point de vue éclairants!


Quelques écrits parus la semaine avant ce 2e tour, ainsi que la déclaration d’ATTAC au lendemain de l’élection de Macron :

Eric Vuillard, écrivain, dans l’Humanité :

POUR PARLER D’AUJOURD’HUI, QUELLE JOURNÉE VOUS SEMBLE T-ELLE DÉCISIVE DANS LES MOMENTS POLITIQUES QUE NOUS TRAVERSONS ET QUI NE SONT PAS ENCORE VISIBLEMENT DE L’ORDRE HISTORIQUE MAIS DU QUOTIDIEN ANGOISSANT?
ÉRIC VUILLARD Il me semble que ce n’est pas tant une journée qu’un ensemble de dispositions contradictoires. D’un côté, les ralliements autour de l’un des candidats, censé être sorti de nulle part, sont tellement unanimes que cela a quelque chose de troublant. De l’autre, l’extrême droite incarnant la protection des salariés, il y a de quoi être étonné. Nous devons faire face à deux fables.


Anicet Le Pors, ancien ministre de la Fonction publique et des Réformes administratives (1981-1984)

Emmanuel MACRON : cet homme est dangereux [par Anicet Le Pors)
Emmanuel Macron sera élu le 7 mai 2017 Président de la République. C’est le produit politique fabriqué par les efforts combinés de l’oligarchie financière, du MEDEF, des gouvernements Hollande, de la technostructure administrative, des opportunistes de tous bords, des stars de l’intelligentsia toujours avides de notoriété, de la totalité des médias ; bref, de tous ceux ayant joué un rôle dans la situation désastreuse actuelle et favorisé ou instrumentalisé la montée du Front national. Et cela dans le contexte d’une décomposition sociale profonde, d’une communauté des citoyennes et des citoyens désorientés, en perte de repères.

Son émergence est récente et il n’a cessé de cultiver l’ambiguïté pour se positionner électoralement au centre. Toutefois, on peut déceler à partir de plusieurs déclarations disparates une certaine cohérence idéologique, assez différente de celle qu’il veut accréditer ou qu’on lui prête. Cinq lignes de force peuvent être dégagées.

1 Un fervent de l’élitisme, hostile au monde du travail

Les analyses sociodémographiques publiées à l’issue du premier tour ont montré que Emmanuel Macron a été essentiellement soutenu par les personnes qui s’en sortent le mieux dans la cris, les plus riches, les plus diplômés, les partisans le l’Union européenne, laissant de côté la France qui souffre, accentuant ainsi les inégalités. Dans le même temps, il ne dissimule pas sa volonté de réduire le partenariat au sein de l’UNEDIC, plus généralement de préférer le soi-disant dialogue social à la concertation contradictoire. Il est un farouche partisan de la flexi-sécurité, cause de précarité et de pauvreté de masse. Il opérera une reprise en main étatique des crédits de la formation professionnelle. Il conteste la vocation des syndicats à s’exprimer au niveau national pour les cantonner autant que possible au niveau de l’entreprise dans l’esprit de la loi El Khomri qu’il veut prolonger par une réforme du code de travail adopté par ordonnances, c’est-à-dire sans l’aval du Parlement. L’avantage que l’on peut reconnaître à ce candidat c’est qu’il éclaire les contradictions de classe qui sont à l’œuvre.

2 La mise au pas des collectivités territoriales

Après Nicolas Sarkozy, Emmanuel Macron cherche le moyen de contourner le principe de libre administration des collectivités territoriales posé par l’article 72 de la constitution. Un système de conventions avec les régions pourrait y pourvoir qui conditionnerait le montant des dotations de l’État à la docilité des collectivités. L’Etat serait également appelé à compenser la suppression de la taxe d’habitation pour 80 % des ménages ce qui rendrait ce financement discrétionnaire. Le processus de métropolisation serait poursuivi et développé aboutissant à la suppression d’un quart des départements. Les collectivités territoriales seraient ainsi mises sous pression avec la diminution de 2 milliards d’euros par an des dépenses de fonctionnement, la réduction de 75 000 emplois de fonctionnaires territoriaux, un retour strict imposé aux 35 heures hebdomadaires. La maîtrise de cette nouvelle politique coercitive serait assurée par une conférence annuelle des territoires. La remise en cause statutaire de la fonction publique territoriale reste la cible privilégiée.

3 L’abaissement du Parlement

Il s’agit d’abord d’une réduction drastique des effectifs sensée dégager une économie annuelle de 130 millions, de l’ordre d’un tiers pour aboutir à 385 députés et 282 sénateurs. Le Parlement réduirait considérablement son activité législative qui, hors période budgétaire, serait limitée à trois mois. IL y aurait donc moins de lois nouvelles, ce qui laisserait davantage de champ à la réglementation par décrets. L’activité du Parlement serait aussi réorientée vers des missions de contrôle et d’évaluation. La haute administration aurait de ce fait une compétence d’expertise plus étendue et un pouvoir hiérarchique renforcé sous l’autorité de l’exécutif. Emmanuel Macron a prévu de légiférer rapidement par voie d’ordonnances dès le début de son quinquennat et il conservera le mécanisme de l’article 49-3. Il est clair que la démarche tourne le dos au régime parlementaire.

4 Un gouvernement aux ordres

Le Gouvernement serait lui aussi resserré à 15 ministres, et fortement instrumentalisé par le Président de la République qui continuerait à présider les réunions du Conseil des ministres. Celles-ci seraient plus fréquentes pour assurer une discipline sans faille des ministres. Contrairement aux dispositions actuelles de la constitution, ce n’est toujours pas le Gouvernement qui définirait et conduirait la politique de la nation mais le chef de l’État. Les ministres seraient évalués chaque année. Pour autant, leurs pouvoirs et surtout leurs cabinets exerceraient une autorité renforcée sur les administrations placées sous leur tutelle. Le candidat Macron jugeant le statut général des fonctionnaires « inapproprié », outre une réduction des effectifs prévue de 120 000 emplois, accentuera la dénaturation du statut par une extension du spoil syste , le recrutement accru de contractuels de droit privé sur la base de contrats négociés de gré à gré. Il s’agirait donc d’une mise en cause des principes d’égalité, d’indépendance et de responsabilité et d’une réaffirmation sévère du pouvoir hiérarchique, de l’obligation de réserve, du devoir d’obéissance.

5 Un exécutif opaque et autoritaire

Emmanuel Macron ne remet pas en cause les institutions de la V° République, notamment l’élection du Président de la République au suffrage universel, ni l’usage plébiscitaire du référendum, ni de façon significative le mode de scrutin. Les conditions d’une VI° République ne sont pas réunies : pas de large consensus de récusation des institutions actuelles, pas de consensus sur les caractéristiques d’une nouvelle constitution, pas d’évènement fondateur comparable à ceux qui ont présidé à l’avènement des Républiques antérieures et de l’actuelle. Si l’ambiguïté sur ce que pourrait être la fonction présidentielle du nouveau président demeure grande, on peut déduire de ses quelques déclarations sur le sujet et de ses postures que son exercice de la fonction présidentielle, qui a pu être qualifiée de « jupitérienne », serait à la fois opaque et autoritaire, autocratique. La « dérive bonapartiste » qui a caractérisé le quinquennat de Nicolas Sarkozy risque d’être ici renforcée avec plus de méthode et, sans doute une traduction institutionnelle qui se durcira face aux conflits sociaux que la politique présidentielle ne manquera pas de provoquer. Jusqu’à quelles limites et à quelle échéance ? C’est la principale incertitude sur le danger encouru.

S’il est clair qu’on ne saurait voter pour la politique de filiation autoritaire, xénophobe et nationaliste de Marine Le Pen, le danger de la politique portée par Emmanuel Macron constitue une autre redoutable menace pour le progrès social et la démocratie.

Dimanche 7 mai 2017 je voterai Blanc.


Lettre ouverte de François Ruffin, le réalisateur de “Merci patron !”, à E. Macron, dans Le Monde le 4 mai :

« Monsieur Macron, je regarde votre débat, ce soir, devant ma télé, avec Marine Le Pen qui vous attaque bille en tête, vous, « le candidat de la mondialisation, de l’ubérisation, de la précarité, de la brutalité sociale, de la guerre de tous contre tous », et vous hochez la tête avec un sourire. Ça vous glisse dessus. Je vais tenter de faire mieux.
D’habitude, je joue les petits rigolos, je débarque avec des cartes d’Amiens, des chèques géants, des autocollants, des tee-shirts, bref, mon personnage. Aujourd’hui, je voudrais vous parler avec gravité. Vraiment, car l’heure me semble grave : vous êtes détesté d’emblée, avant même d’avoir mis un pied à l’Elysée.
Lundi 1er mai, au matin, j’étais à la braderie du quartier Saint-Maurice, à Amiens, l’après-midi à celle de Longueau, distribuant mon tract de candidat, j’ai discuté avec des centaines de personnes, et ça se respire dans l’air : vous êtes haï. Ça m’a frappé, vraiment, impressionné, stupéfait : vous êtes haï. C’était pareil la veille au circuit moto-cross de Flixecourt, à l’intuition, comme ça, dans les discussions : vous êtes haï. Ça confirme mon sentiment, lors de mes échanges quotidiens chez les Whirlpool : vous êtes haï. Vous êtes haï par « les sans-droits, les oubliés, les sans-grade » que vous citez dans votre discours, singeant un peu Jean-Luc Mélenchon. Vous êtes haï, tant ils ressentent en vous, et à raison, l’élite arrogante (je ne vais pas retracer votre CV ici).
Vous êtes haï, vous êtes haï, vous êtes haï. Je vous le martèle parce que, avec votre cour, avec votre campagne, avec la bourgeoisie qui vous entoure, vous êtes frappé de surdité sociale. Vous n’entendez pas le grondement : votre heure, houleuse, sur le parking des Whirlpool, n’était qu’un avant-goût. C’est un fossé de classe qui, face à vous, se creuse. L’oligarchie vous appuie, parfait, les classes supérieures suivent.
Fulgurant paradoxe
Il y a, dans la classe intermédiaire, chez moi, chez d’autres, encore un peu la volonté de « faire barrage », mais qui s’amenuise de jour en jour, au fil de vos déclarations, de votre rigidité. Mais en dessous, dans les classes populaires, c’est un carnage. Les plus progressistes vont faire l’effort de s’abstenir, et ce sera un effort, tant l’envie les taraude de saisir l’autre bulletin, juste pour ne plus vous voir. Et les autres, évidemment, le saisiront, l’autre bulletin, avec conviction, avec rage.
Vous êtes haï, vous êtes haï, vous êtes haï. Et c’est dans cette ambiance électrique que, sans concession, vous prétendez « simplifier le code du travail par ordonnances ». C’est dangereux. Comme si, le 7 mai, les électeurs vous donnaient mandat pour ça.
Dimanche 30 avril, sur France Inter, une électrice de Benoît Hamon regrettait votre « début de campagne catastrophique », votre « discours indigent », votre « dîner à La Rotonde », votre manque d’« aise avec les ouvriers ». Nicolas Demorand la questionna : « Et vous allez voter au deuxième tour, Chantal ? » « Plus c’est catastrophique, plus je vais y aller, parce que j’ai vraiment peur de l’autre », lui répondit l’auditrice en un fulgurant paradoxe.
A cet énoncé, que répliqua votre porte-parole, l’économiste Philippe Aghion ? Il recourut bien sûr à la tragique Histoire : Shoah, négationnistes, Zyklon B, Auschwitz, maréchal Pétain. En deux phrases, il esquissa toute l’horreur du nazisme. Et de sommer Chantal : « Ne pas mettre un vote, s’abstenir, c’est en fait voter Mme Le Pen. Il faut que vous soyez bien consciente de ça. » Contre ça, oui, qui ne voterait pas ?
Mais de ce rejet du pire, vous tirez un blanc-seing. Votre économiste parlait, le 30 avril, comme un missionnaire du FMI : « Réduire la dépense publique », « les coupes d’abord dans le social », « sur l’assurance-maladie », « la tarification à l’acte », « l’assurance-chômage », « les collectivités locales ». Tout y passait.
Et d’insister sur le traitement de choc : « C’est très important, le calendrier, il faut aller très vite. Il faut miser sur le capital politique de l’élection pour démarrer les grandes réformes dès le début, dès le début. Quand on veut vraiment aller vite sur ces choses-là, je crois que l’ordonnance s’impose. Je vois la France maintenant, un peu un parallèle avec l’après-guerre, je crois que nous sommes à un moment semblable à la reconstruction de 1945. » Rien que ça : la comparaison avec une France à genoux, qui a servi de champ de bataille, qui n’avait plus de ponts, plus d’acier, plus d’énergie, bref, ruinée, alors que le CAC 40 vient, cette année, de verser des « dividendes record » aux actionnaires.
Mais de quel « capital politique » parlez-vous ? La moitié, apparemment, de vos électeurs au premier tour ont glissé votre bulletin dans l’urne moins par adhésion à votre programme que pour le « vote utile ». Et pour le second, si vous obtenez la majorité, ce sera en souvenir d’Auschwitz et du « point de détail ». Des millions de Français ne se déplaceront pas, qui ne veulent pas choisir entre « la peste et le choléra », qui vous sont d’ores et déjà hostiles.
C’est sur cette base rikiki, sur cette légitimité fragile que vous comptez mener vos régressions à marche forcée ? Que ça passe ou ça casse ? Vous êtes haï, monsieur Macron, et je suis inquiet pour mon pays, moins pour ce dimanche soir que pour plus tard, pour dans cinq ans ou avant : que ça bascule vraiment, que la « fracture sociale » ne tourne au déchirement. Vous portez en vous la guerre sociale comme la nuée porte l’orage. A bon entendeur. »
François Ruffin


Déclaration d’ATTAC le 9 mai 2017

Macron Président : ne laissons pas les banques et les multinationales diriger nos vies. Passons à l’Attac.

 Dimanche 7 mai, Emmanuel Macron a été élu président de la République avec près de 66 % des suffrages. Cette victoire, en apparence large, est trompeuse. Le programme ultralibéral d’Emmanuel Macron ne dispose, en réalité, pas du soutien populaire. Si nous ne le combattons pas, celui qui est déjà perçu comme le président des banques et des multinationales renforcera la crise sociale et écologique et donnera du grain à moudre à l’extrême-droite.

La victoire d’Emmanuel Macron n’a rien d’un triomphe. Il n’a été choisi que par 44 % des inscrit·e·s, moins sur son programme que pour faire barrage au Front national. L’abstention et le vote blanc sont à des niveaux historiques pour une élection présidentielle. 61 % des français·es souhaitent qu’il ne dispose pas de majorité à l’Assemblée nationale [1] et 70 % d’entre eux et elles à être opposé·e·s à une réforme du droit du travail par ordonnances [2]. Pourtant, Emmanuel Macron se dit déterminé à mettre en œuvre son programme ultralibéral.

Derrière cette victoire, le Front national signe un record électoral. Avec plus de 10 millions de voix, Marine Le Pen double le score obtenu par son père au second tour de l’élection présidentielle de 2002. Le FN réalise des scores importants chez les ouvrier·e·s, les employé·e·s, dans les zones rurales et les territoires sinistrés par la mondialisation libérale. L’extrême droite apparaît, pour beaucoup, comme une réponse à la violence du chômage, du travail précaire, des inégalités sociales. C’est un leurre dangereux. En désignant les étranger·e·s comme responsables de la crise, le FN ment et fait le jeu des 1 % les plus riches. En s’attaquant aux associations et aux syndicats, ce parti est un danger mortel pour toutes celles et ceux qui luttent pour les droits des salarié·e·s et des opprimé·e·s.

Qu’on se le dise : Emmanuel Macron, dernier avatar du néolibéralisme, ne sera pas un rempart au Front national. Au contraire, les mesures qu’il préconise risquent de renforcer l’extrême-droite. Le « président manager » entend « lever les blocages  » de notre économie en démantelant le droit du travail par ordonnance, en supprimant plus de 125 000 emplois publics, en signant l’accord commercial de libre-échange Union européenne-Canada (CETA), en remettant en cause des règles prudentielles bancaires établies après la crise financière ou en poursuivant les cadeaux aux grands actionnaires et aux entreprises. À cela s’ajoute le vide sidéral de son projet en matière de transition sociale et écologique, son soutien à l’Europe forteresse – au mépris de la solidarité avec les migrant·e·s – à une Europe de l’austérité au service des multinationales et non des peuples. Emmanuel Macron incarne toutes ces politiques que nous combattons depuis des années.

Les mouvements sociaux doivent porter un regard lucide sur les raisons de leurs échecs passés à faire obstacle aux politiques néolibérales et ne pas attendre 5 ans de plus pour construire un mouvement porteur d’espoir et d’alternatives face aux politiques inégalitaires et aux idées xénophobes de la préférence nationale.

Le président élu est l’ami de la finance, des banques et des multinationales. Les laisserons-nous organiser la concurrence fiscale, les délocalisations, la dérégulation du marché du travail qui ont des conséquences dramatiques sur la vie de millions de gens et servent de fond de commerce à l’extrême droite ? Les laisserons-nous bloquer toute législation qui ne leur serait pas favorable en matière de droits humains, de lutte contre l’impunité fiscale ou de transition sociale et écologique ?

Non ! Dans un récent rapport, Attac démontrait qu’il était possible de récupérer 200 milliards d’euros par an en s’attaquant directement au pouvoir des banques et des multinationales, de leurs dirigeant·e·s et de leurs actionnaires. Dans les mois à venir, Attac poursuivra la construction des convergences avec les acteurs·trices du mouvement social qui souhaitent reprendre l’offensive. Dès le 20 mai prochain, nous passerons de nouveau à l’action pour montrer le vrai visage de nos adversaires. Cet été, nous nous mobiliserons pour faire échec au « 49-3 par ordonnance » visant à démanteler le droit du travail.

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