Électricité : production, prix, et CO2..

Électricité et CO2 : le graphique saisissant du bilan européen pour 2021 (Thomas LIECHTI

Revue « Progressistes » 12 janvier 2022

Le bilan de l’intensité carbone selon les différents pays européens en 2021 est désormais disponible : premières analyses.

Mise à disposition par Thomas Auriel sur la base des données fournies par le GIEC et ENTSO-E, ce graphique nous permet d’analyser la quantité de CO2 produit par kWh générée sur l’année 2021 (gCO2eq/kWh en abscisse) en fonction de la puissance totale produite (MWh en ordonnée) donnée heure par heure (chaque point du graphique) et pays par pays (par couleur). Un regard précieux pour comparer les performances des différents modèles de production d’électricité et leur efficacité pour lutter contre le réchauffement climatique.

Le moins de CO2 produit par MWh et la plus grande régularité de la production faisant foi pour le modèle le plus efficace en terme de réduction des émissions :

  • Plus la tache est large en hauteur et moins le modèle est efficace pour garantir un taux de CO2 constant

  • Plus elle est large en longueur et plus le modèle peut s’adapter aux différents besoins de consommation et de distribution, donc + de puissance et moins de risque de blackout.

On peut constater que d’année en année, les modèles ayant la meilleure efficacité en terme de basses émissions par rapport à la production sont les modèles reposants essentiellement sur l’alliance de la production d’électricité hydraulique et nucléaire. Dans l’ordre en l’occurrence : La Suisse, la Suède, la Norvège et la France.

À l’inverse, les modèles reposant massivement sur l’éolien et le gaz comme l’Allemagne ne parviennent pas à atteindre des objectifs de diminution régulier et reste comparable en terme de performances aux modèles qui restent très carbonés comme l’Italie. En effet, bien que très variable en terme de production d’électricité et de CO2 par heure, la moyenne allemande est 8 fois supérieure à la moyenne française (414gCO2eq/KWh contre 53gCO2eq/kWh pour la France).

La Pologne, quand à elle, encore très mal équipée reste le mauvais élève de l’Europe avec une moyenne de 768gCO2eq/kWh soit presque deux fois la moyenne allemande et 15 fois la moyenne française.

Malgré tout, la plupart des pays sont parvenus à réduire leur production de CO2/kWh : la Belgique, l’Espagne et le Portugal sont ceux qui ont le plus diminué leurs émissions par rapport à 2019[1]. La France a stagné tout comme la Suède mais reste très loin devant les 3 pays précédemment cités, seule la Norvège a connu une réduction importante d’environ 30% parmi les pays les mieux classés (ceux qui sont sous la barre des 100gCO2/kWh).

À l’inverse, l’Allemagne et le Danemark qui reçoivent pourtant régulièrement les louanges des représentants de GreenPeace sont les deux seuls pays à voir leurs émissions augmenter, légèrement pour l’Allemagne et de presque 20% pour le Danemark.

En ce qui nous concerne, ces bons résultats pour la France ne seront durablement confortés qu’avec une politique ambitieuse pour l’industrie et qui ne se repose pas sur ses petits lauriers. Ils confirment que les besoins écologiques nous encouragent à investir et défendre le parc nucléaire français qui reste vieillissant et dont les investissements et le renouvellement tardent à arriver. Que c’est également sur d’autres domaines que la France doit se renforcer notamment pour remplacer les modes de transport et investir pour des logements moins consommateurs de chauffage.

Thomas Liechti est membre du comité de rédaction

[1]  L’année 2020 ayant été marquée par des émissions inhabituelles liées à la pandémie mondiale de Covid-19, la comparaison est délicate, 2019 a été choisi comme année de comparaison pour cette raison.

Revue Progressistes |  Catégories : ActualitésEnvironnement et Société | URL : https://wp.me/p3uI8L-37l

L’électricité décarbonée est appelée à jouer un rôle majeur pour atteindre les objectifs climatiques que s’est fixés la France d’ici à 2050. Dans son récent rapport « Futurs énergétiques 2050 », RTE (Réseau de transport d’électricité) explore différentes hypothèses de mix électrique, aux fortes conséquences économiques et sociales.

*SERGE VIDAL est syndicaliste CGT, ancien ingénieur-chercheur EDF.

 

DES PERSPECTIVES ANNUELLES AUX PRÉVISIONS SUR TRENTE ANS

RTE, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité en France, a une mission légale de prospective relative aux moyens de production et de distribution électriques. Chaque année, RTE publie un bilan prévisionnel afin de vérifier que l’équilibre entre l’offre et la demande d’électricité sera assuré pour les années qui suivent. Il dispose pour ce faire des informations et des compétences. Sur ces bases, RTE a, à plusieurs reprises ces dernières années, alerté sur les tensions relatives au passage des hivers (risque de black-out long). Des craintes similaires existent aussi au niveau européen.

Cette fois, l’exercice demandé à RTE par le ministre de tutelle en 2019, et dont une version a été publiée le 25 octobre 2021, porte sur les trente à quarante prochaines années, ce qui est assez différent des exercices annuels et fait appel à de nombreuses hypothèses.

La sécurité d’approvisionnement électrique nécessite un équilibrage production/consommation quasi instantané, mais aussi une programmation de moyen et long terme afin d’être sûrs de disposer des installations de production suffisantes le moment venu. On voit en ce moment, sur le court terme, avec la forte augmentation des prix, que cette spécificité est particulièrement incompatible avec la libéralisation des marchés et peut entraîner toutes sortes de spéculations : la multiplication des opérateurs privés induit des captations financières à différents niveaux. De façon parallèle, la programmation sur le long terme est indispensable et demande une vision et des principes (sécurité d’approvisionnement, maîtrise des coûts, égalité de traitement, indépendance nationale…) que seule la puissance publique peut garantir.

L’ensemble des hypothèses technologiques, économiques, sociales, géopolitiques, environnementales…, leur mise en cohérence et les objectifs visés constituent des scénarios énergétiques qui permettent de fournir des prévisions en matière d’investissements. L’évolution du contexte et les décisions prises modifient ensuite les données du problème et ces scénarios, indispensables à la prise de décision, doivent être réajustés.

La crédibilité d’un scénario dépend de la transparence de toutes les étapes du calcul. D’autres organismes – des associations, des universités… –, produisent de tels scénarios, qui diffèrent surtout par leurs hypothèses et leurs objectifs, parfois par leur méthodologie et leur transparence. Hors du monde universitaire, les moteurs de cohérence de ces études sont rarement en accès public.

Le gouvernement retient un scénario de référence pour établir la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), votée tous les cinq ans au Parlement. Ce scénario prospectif est aujourd’hui dit d’AMS (« avec mesures supplémentaires »).

 

DES HYPOTHÈSES CONTRAIGNANTES

RTE a donc publié en octobre 2021 une mise à jour de ses scénarios et en a évalué leur coût de revient. Le cadrage considéré par RTE est celui de la stratégie nationale bas carbone (SNBC, réévaluée tous les cinq ans=, qui s’inscrit dans le cadre de la loi relative à la transition écologique pour la croissance verte (TECV) de 2015. Loi qui a, entre autres, pour objectif une diminution de 50 % de la consommation énergétique française finale entre 2012 et 2050 (avec – 30 % en 2030) et de réduire à 50 % la part de l’électronucléaire d’ici à 2035 et la limiter globalement à 63,2 GW en puissance. La loi prévoit aussi d’atteindre la neutralité carbone en 2050, d’assurer la sécurité d’approvisionnement et la cohésion sociale, la maîtrise des dépenses des consommateurs et le droit d’accès à l’énergie sans coût excessif, bref une gageure.

Évolution de la consommation d’énergie finale et la part de l’électricité en France métropolitaine (historique et projection SNBC). Source : RTE, « Futurs énergétiques 2050 ».

Pour prendre moins de risques de non-atteinte de tous ces objectifs, il faudrait desserrer certaines contraintes de cette loi. Déjà, à la suite d’une précédente étude de RTE, l’objectif initial de 50 % de nucléaire dans notre mix électrique a été reculé par le Parlement de 2025 à 2035. La présente étude montre que la date de 2035 n’est pas non plus tenable.

 

SIX SCÉNARIOS ÉTUDIÉS

Trois scénarios retenus portent exclusivement sur des investissements dans les énergies renouvelables (scénarios M) et trois scénarios sur une combinaison entre énergies renouvelables et nucléaire (scénarios N). Ces six scénarios sont accompagnés de six variantes se rapportant à la consommation ou au mix électrique ainsi que d’une quinzaine d’études de sensibilité relatives aux coûts. À partir de différents jeux d’hypothèses, les scénarios sont multipliables indépendamment de leur désirabilité.

La première observation de RTE, dans le cadre défini, est que l’objectif de neutralité carbone implique une transformation profonde de l’économie et des modes de vie, et une forte augmentation de la part de l’électricité décarbonée dans la consommation énergétique totale. Les énergies fossiles, dont il faut sortir, représentent actuellement environ 60 % de la consommation actuelle, et elles sont importées.

Côté consommation, la SNBC table sur de l’efficacité énergétique (assurer le même service avec moins d’énergie), des transferts d’usages (changer d’énergie pour un même service) et de la sobriété énergétique (se passer de certains biens et services).

DES OBJECTIFS CLIMATIQUES DIFFICILEMENT ATTEIGNABLES

L’étude RTE met en évidence le fait que les scénarios avec maintien de nucléaire sont complémentaires du développement des énergies renouvelables et que les scénarios de substitution ne permettent pas l’accélération de la baisse des gaz à effet de serre demandée par le pacte vert européen. Pour cela, il faudra, a minima, étaler la trajectoire de fermeture des réacteurs nucléaires actuels.

Émissions de l’Union européenne depuis 1990 et objectif à l’horizon 2030 et 2050.Source : RTE, « Futurs énergétiques 2050 ».

RTE montre aussi qu’une « sortie rapide du nucléaire » (comme le préconise notamment le scénario Négawatt) « conduit soit à accepter des pénuries, soit à renoncer au respect de la trajectoire climatique de la France ». RTE montre également qu’ « un moratoire sur les énergies renouvelables conduirait à placer la France dans une position critique par rapport à ses ambitions de réindustrialisation et à ses trajectoires climatiques ».

L’étude RTE démontre que les besoins de flexibilité (non-fourniture à certains moments, recours à des batteries) et les limitations d’usages augmentent fortement avec la part des énergies renouvelables intermittentes (solaire et éolien).

Même si RTE a essayé de prendre des hypothèses similaires en termes de coût et de faisabilité des différents scénarios, le pari sur les capacités de stockage massif de l’électricité est très important pour les scénarios M.

La SNBC actuelle ne considère pas le captage/séquestration du CO2 comme suffisamment mature et mise sur une multiplication par 2,5 de l’usage énergétique de la biomasse.

 

SOBRIÉTÉ ET DÉMOCRATIE

La sobriété est le terme de bouclage pour les scénarios de réduction drastique des productions énergétiques pilotables. Cette notion recouvre la propension des individus à partager certains espaces et équipements, mais aussi d’autres modifications radicales de nos modes de vie ; entre autres, moins de déplacements, une moindre consommation des biens manufacturés, une baisse de 1 °C de la température des consignes de chauffage (actuellement 19 °C recommandés) ou de l’utilisation de l’eau chaude, de la frugalité numérique, la moitié du temps de travail en télétravail, etc.

Ces hypothèses peuvent heurter les aspirations du plus grand nombre et ne pas permettre la réduction des inégalités sociales ou de genre. Comme elles sont nécessaires à l’atteinte, sous contraintes, des objectifs énergétiques, elles risquent d’impliquer de la contrainte politique et sociale.

Il s’agit là de questions politiques de première importance qui ne doivent pas rester enfouies dans le fatras d’hypothèses structurantes de l’avenir énergétique du pays.

 

PAS DE SCÉNARIO AVEC MAINTIEN DU NUCLÉAIRE

Compte tenu du cadrage politique initial, RTE n’a pas étudié de scénario avec le maintien de la part du nucléaire dans la production électrique, actuellement de l’ordre des 70 %. (Un tel scénario sortirait du cadre, mais c’est aussi le cas des scénarios 100 % énergies renouvelables étudiés.) Avec une demande électrique en augmentation, le maintien de ce pourcentage impliquerait une augmentation en valeur absolue.

Compte tenu des délais de construction de nouveaux réacteurs, de la durée d’exploitation estimée des réacteurs actuels (autour de soixante ans) et du manque d’anticipation passée, cette option nécessiterait un effort industriel énorme et de la coopération internationale. La dégradation du tissu industriel national, les politiques de contractualisation et de sous-traitance, le manque de formation et le Wall Street management ont affaibli durablement les capacités du pays pour cela. Sans très forte volonté politique, cela ne pourra pas se réaliser.

UN BESOIN ÉLECTRIQUE SOUS-ESTIMÉ

La demande électrique retenue pour 2050 est de 645 TWh, soit 35% de plus qu’aujourd’hui. Une variante avec réindustrialisation du pays a été étudiée qui fixe la demande à 752 TWh, sans toutefois tabler sur un retour au niveau industriel des années 1990. L’Académie des technologies a, quant à elle, avancé le chiffre de 840 TWh, ce qui correspond à peu près à l’estimation d’EDF, qui considère l’estimation de RTE comme une trajectoire a minima.

Au-delà de cette bataille de chiffres se pose la question des marges de sécurité en matière de continuité d’approvisionnement. Une sous-capacité en moyens de production serait plus contraignant qu’une surcapacité. Il faut des marges de sécurité lorsqu’il s’agit de satisfaction des besoins, d’autant plus si on veut avoir une politique de réduction des inégalités sociales et de résorption de la pauvreté.

 

ÉVALUATION DES COÛTS

RTE évalue les coûts complets de ses différents scénarios et fait apparaître que le scénario avec mise en service de quatorze EPR d’ici à 2050 ferait économiser en investissements supplémentaires environ 200 milliards d’euros sur quarante ans par rapport à un arrêt total du nucléaire en 2060 et que le coût des énergies renouvelables est moindre dans le cas où elles sont associées au nucléaire.

Comparaison des coûts complets annualisés pour les différentes capacités en exploitation à l’horizon 2030 dans les six scénarios de mix considérés (moyenne des scénarios). Source :RTE, « Futurs énergétiques 2050 ».

Toutefois, le risque d’insuffisance chronique dans la fourniture électrique de la France, et donc son renchérissement, ainsi que celui de non-atteinte de la neutralité carbone en 2050, apparaissent comme des éléments plus déterminants que les écarts calculés de coûts.

La documentation fournie par RTE aborde de nombreux points liés aux contraintes de réalisation de ses scénarios, notamment leur impact en matière et d’occupation de l’espace. RTE souligne aussi les nombreux champs de recherche qui doivent être renforcés pour faire face aux enjeux.

 

URGENCE À DÉCIDER

RTE conclut à juste titre sur l’urgence (2022-2023) qu’il y a à prendre des décisions qui sont d’une ampleur similaire à celles prises dans les années 1970, au moment du lancement du programme nucléaire.

Les délais de construction sont longs, et déjà pour le nucléaire du retard a été pris. La période actuelle, où les taux d’intérêt sont bas, est propice au lancement d’investissements nucléaires ou renouvelables nécessitant beaucoup de capitaux au début. Le coût de l’indécision se payera cher à terme. La cohésion sociale, le progrès social et la réduction des gaz à effet de serre sont en jeu.


 

Certains candidats à la présidentielle font des propositions démagos afin de séduire une partie de l’électorat.
Le sujet est trop sérieux pour être traité ainsi.
Les salariés de l’énergie soutiennent les propositions de Fabien Roussel, un appel circule largement chez les électriciens et gaziers en faveur du candidat du PCF. 
Qu’est-ce qui explique cette dynamique ?

Une tribune de Julien Brugerolles (maire adjoint de Paslières et attaché parlementaire) et un texte collectif 

Le projet le plus crédible pour le climat et le service public

Julien Brugerolles Maire adjoint de Paslières (Puy-de-Dôme) et attaché parlementaire

La forte hausse des prix de l’énergie et ses conséquences immédiates sur les conditions de vie des Français ont permis de remettre un instant dans le débat public la problématique centrale de nos usages de l’énergie et l’indispensable révolution climatique à opérer. Certains ont ainsi redécouvert le contenu réel de notre « assiette » énergétique nationale : notre dépendance aux énergies fossiles, pétrole et gaz, qui représentaient en France, en 2018, plus de 67 % de notre consommation d’énergie finale.

L’ampleur des défis posés pour porter une politique énergie-climat globale et cohérente dépasse ainsi l’activisme climatique de façade de beaucoup de formations politiques. Et tout devrait partir des réalités scientifiques et techniques d’aujourd’hui et des trajectoires de consommation les plus probables pour tracer un chemin qui réponde à la fois à nos objectifs climatiques tout en garantissant les impératifs de justice sociale et d’accès de tous à l’énergie avec des prix contenus.

Fabien Roussel porte ces exigences de cohérence dont nous avons tant besoin pour redonner de la crédibilité au discours politique dans ce domaine : dénonçant l’inacceptable racket sur le budget des ménages, résultat direct de la libéralisation des marchés du gaz et de l’électricité opérée depuis vingt-cinq ans au seul profit de groupes privés ; soutenant l’impérieuse nécessité de maîtrise de nos consommations d’énergie à partir de grands plans d’investissement publics en faveur des transports peu polluants, avec la relance du ferroviaire, l’extension de la gratuité des transports publics urbains, un grand plan vélo, et en faveur de la rénovation thermique à grande échelle des logements et bâtiments ; défendant sans ambiguïté le besoin de décarboner tous nos usages de l’énergie, à partir d’une électrification avec une base pilotable associant le nucléaire et nos capacités hydrauliques, tout en favorisant un développement et une intégration maîtrisée des renouvelables non pilotables.

Il est le seul candidat affirmant la nécessité de reconstruire un service public unifié de l’énergie, depuis ses filières industrielles de production très en amont, jusqu’à la distribution aux usagers particuliers et professionnels en aval. Il porte en cela un programme « de raison » énergétique et climatique… qui ne semble malheureusement pas partagé par tous.

Il a par ailleurs raison de rappeler ce que certains préfèrent maintenir sous le tapis du temps politique : nous touchons aujourd’hui les conséquences de trente années de libéralisation des marchés du gaz et de l’électricité depuis la ratification du traité de Maastricht.

Depuis 1993, ce sont en effet trois « paquets énergie » et un « paquet climat-énergie » successifs de droit européen de la concurrence qui ont abouti à un système aberrant. Un système qui ne permet ni de répondre aux besoins essentiels de nos concitoyens à des prix stables et raisonnables, ni de relever le défi climatique avec des productions décarbonées et des politiques publiques efficaces et coordonnées pour maîtriser la demande d’énergie. Un système européen devenu une « machine à faire flamber les prix » pour soutenir artificiellement les profits d’« opérateurs » privés, parfois uniquement commerciaux, et sans capacités réelles de production.

Surtout, ce même système nous conduit à l’inefficacité, voire à l’impuissance climatique. Tandis que les contraintes et les pressions sur la disponibilité des ressources fossiles se sont accrues, et vont continuer de croître dans les années à venir, il pousse ainsi à des abandons industriels en cascade et à des arbitrages énergétiques particulièrement dangereux, notamment en matière de recours massif au gaz dans la production électrique. L’explosion des profits de Total et d’Engie, le scandale industriel de la cession des activités énergie d’Alstom à General Electric en France, ou les contreparties du « tournant énergétique » allemand, sont des exemples factuels.

La mesure du défi climatique et de ses conséquences pour nos sociétés doit conduire le plus grand nombre à faire sienne dans cette campagne présidentielle l’idée que l’énergie est une chose trop importante pour être laissée plus longtemps aux arbitrages et au pilotage du capitalisme financier. Mais, pour cela, il ne faut pas entrer dans le débat présidentiel sur l’énergie et le climat seulement par le petit bout de la lorgnette de telle ou telle aide, de telle ou telle mesure sectorielle, ou de telle ou telle technologie miracle.

Il faut reposer le débat stratégique et structurel de la maîtrise sociale et publique du secteur énergétique pour le siècle qui vient.

À l’image de ce qu’a été, et ce qu’a permis, le tournant énergétique de 1946, avec Marcel Paul, ministre communiste de la Production industrielle arrachant les secteurs électrique et gazier des mains du capital au profit des usagers et de notre industrie, répondre à l’immense défi climatique de ce début de siècle appelle très clairement à refonder une ambition commune pour l’ensemble de la chaîne énergétique, depuis les ressources et moyens de production jusqu’à la distribution aux usagers.

Le seul candidat qui avance l’audacieuse idée d’un mix énergétique diversifié

Texte collectif

La planète chauffe. La cause est connue : l’usage désordonné, immodéré et contraint de l’énergie carbonée. Paradoxe, dans bien des lieux, l’énergie manque néanmoins et des populations en grelottent, en souffrent de faim et de maladie, sont à la merci des catastrophes naturelles, restent en dehors de l’éducation et de l’information. Des êtres humains sont contraints à l’exode, conflits et tensions éclatent pour les gisements.

L’humanité a compris qu’il fallait transiter vers une énergie décarbonée et faire sortir du noir les pays qui y sont encore injustement plongés. La réussite d’une telle transformation exige la plus large association et participation des populations, des nations, la démocratie étendue, à toutes les échelles. Il est clair que les firmes multinationales qui dominent le secteur énergétique ne la conduiront pas.

La libéralisation de ce secteur, mise en œuvre en France par les gouvernements successifs, a favorisé les profits mais aggravé l’incurie, imposant des hausses de prix insupportables aux populations. L’énergie doit donc être sortie d’urgence de la spéculation des marchés, de la guerre commerciale, ne plus servir de prétexte commode à une fiscalité punitive et injuste. Elle doit être considérée, à l’instar des brevets pharmaceutiques, comme un bien commun mondial.

Les salariés de l’énergie ont su plus d’une fois relever les grands défis posés à la nation. En première ligne lors de la pandémie, ils sont prêts à mettre toutes leurs compétences collectives au service de la fourniture d’une énergie sociale et écologique.

Pour garantir des prix accessibles, combattre la précarité énergétique, lutter réellement contre le dérèglement climatique et les pollutions de tous ordres, réindustrialiser, toutes les potentialités doivent être mises en œuvre : développement de la recherche, véritable isolation des bâtiments, développement des transports en commun, de la voiture de demain, usage plus propre et raisonné des hydrocarbures, développement de nouvelles capacités de production des énergies renouvelables et du potentiel hydroélectrique, relance de la filière industrielle du nucléaire… La France, ses salariés, son industrie et son service public peuvent répondre présent.

Au regard des programmes des candidats à la prochaine élection présidentielle une vérité saute aux yeux. Nombre d’entre eux décident arbitrairement de refuser telle ou telle énergie, le nucléaire pacifique pour les uns, le renouvelable pour les autres, privant ainsi la nation d’atouts pour une transition nécessaire, faisant courir le risque de pénuries, de délestage voire de black-out en Europe.

Le centre, la droite et ses extrêmes aggravent les privatisations et la casse des services publics, laissant ainsi le pouvoir aux firmes capitalistes. Ils entendent casser le modèle social, les statuts, conditions vitales pour la sûreté de la production et le service public.

Fabien Roussel est le seul candidat qui avance l’audacieuse idée d’un mix énergétique diversifié valorisant toutes nos capacités, mobilisant la finance pour ce faire, revivifiant et démocratisant le service public de l’énergie avec de réels pouvoirs d’intervention des salariés dans les entreprises, qui propose d’utiliser les compétences de notre pays pour des rapports de coopération et de solidarité, à l’échelle de l’Europe et du monde, afin que l’énergie soit facteur de paix plutôt que de conflits.

Sa démarche ne se fonde ni sur des incantations, ni sur la soumission aux appétits privés, elle fait confiance aux hommes et aux femmes, à leur force commune, à la connaissance technique et scientifique. C’est pourquoi nous appelons à voter Fabien Roussel, pour une énergie sociale et écologique, pour ouvrir un chemin de renaissance d’une gauche rassemblée pour le progrès.

Appel de salariés de l’énergie à voter Fabien Roussel

Lundi 3 Janvier 2022

La planète chauffe. La cause est connue : l’usage désordonné, immodéré et contraint de l’énergie carbonée. Paradoxe, dans bien des lieux, l’énergie manque néanmoins et des populations en grelottent, en souffrent de faim et de maladie, sont à la merci des catastrophes naturelles, restent en dehors de l’éducation et de l’information. Des êtres humains sont contraints à l’exode, conflits et tensions éclatent pour les gisements.

L’humanité a compris qu’il fallait transiter vers une énergie décarbonée et faire sortir du noir les pays qui y sont encore injustement plongés. La réussite d’une telle transformation exige la plus large association et participation des populations, des nations, la démocratie étendue, à toutes les échelles. Il est clair que les firmes multinationales qui dominent le secteur énergétique ne la conduiront pas. La libéralisation de ce secteur, mise en œuvre en France par les gouvernements successifs, a favorisé les profits mais aggravé l’incurie, imposant des hausses de prix insupportables aux populations. L’énergie doit donc être sortie d’urgence de la spéculation des marchés, de la guerre commerciale, ne plus servir de prétexte commode à une fiscalité punitive et injuste. Elle doit être considérée, à l’instar des brevets pharmaceutiques, comme un bien commun mondial.

Les salariés de l’énergie ont su plus d’une fois relever les grands défis posés à la nation. En première ligne lors de la pandémie, ils sont prêts à mettre toutes leurs compétences collectives au service de la fourniture d’une énergie sociale et écologique. Pour garantir des prix accessibles, combattre la précarité énergétique, lutter réellement contre le dérèglement climatique et les pollutions de tous ordres, réindustrialiser, toutes les potentialités doivent être mises en œuvre : développement de la recherche, véritable isolation des bâtiments, développement des transports en commun, de la voiture de demain, usage plus propre et raisonné des hydrocarbures, développement de nouvelles capacités de production des énergies renouvelables et du potentiel hydroélectrique, relance de la filière industrielle du nucléaire… La France, ses salariés, son industrie et son service public peuvent répondre présents.

Au regard des programmes des candidats à la prochaine élection présidentielle une vérité saute aux yeux. Nombre d’entre eux décident arbitrairement de refuser telle ou telle énergie, le nucléaire pacifique pour les uns, le renouvelable pour les autres, privant ainsi la nation d’atouts pour une transition nécessaire, faisant courir le risque de pénuries, de délestage voire de black-out en Europe. Le centre, la droite et ses extrêmes aggravent les privatisations et la casse des services publics laissant ainsi le pouvoir aux firmes capitalistes. Ils entendent casser le modèle social, les statuts, conditions vitales pour la sureté de la production et le service public.

Fabien Roussel est le seul candidat qui avance l’audacieuse idée d’un mix énergétique diversifié valorisant toutes nos capacités, mobilisant la finance pour ce faire, revivifiant et démocratisant le service public de l’énergie avec de réels pouvoirs d’intervention des salariés dans les entreprises, qui propose d’utiliser les compétences de notre pays pour des rapports de coopération et de solidarité, à l’échelle de l’Europe et du monde, afin que l’énergie soit facteur de paix plutôt que de conflits. Sa démarche ne se fonde ni sur des incantations, ni sur la soumission aux appétits privés, elle fait confiance aux hommes et aux femmes, à leur force commune, à la connaissance technique et scientifique. C’est pourquoi nous appelons à voter Fabien Roussel, pour une énergie sociale et écologique, pour ouvrir un chemin de renaissance d’une gauche rassemblée pour le progrès.

Premiers signataires : Jean-Luc Borde, Marie-Claire Cailletaud, Nicolas Cano, Gilles Canqueteau, Denis Cohen, Fabrice Coudour, Jean-François Coulin, Rémi Coupas, Eric Couvez, François Dos Santos, François Duteil, Michaël Fieschi, Jean-Christophe Fournel, Sébastien Gautheron, Virginie Gensel, Valérie Gonçalvès, Laurent Hérédia, Frédéric Imbrecht, Julien Lambert, Laurent Langlard, Jean Lavielle, Michel Lebouc, Oswald Le Comte, Claude Martin, Serge Martin, Maud Mathieu, Virginie Neumayer, Peppino Terpolilli, Gwenaël Plagne, Henri-Jean Portail, Bruno Prepoleski, Eric Roulot, Bruno Sallot, Laurent Santoire, Jean-Luc Silvain, Evelyne Valentin…

Signez l’appel sur : www.change.org/p/appel-de-salariés-de-l-énergie-à-voter-pour-fabien-roussel


Prix de l’énergie : une folie organisée (dans Le Monde Diplomatique)

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