Nicole Ferroni, Yvan Le Bolloc’h, Pierre-Emmanuel Barré et Guillaume Meurice dans la manif contre les projets Macron

Un appel unitaire des organisations de jeunesse.
La retraite est aussi une affaire de jeunes

Texte collectif

Le gouvernement entend mettre à bas le système de retraite hérité du Conseil national de la Résistance (CNR). Pour le président de la République, le système actuel, fondé sur la solidarité intergénérationnelle, est injuste et illisible. Les règles spécifiques à certaines corporations issues de luttes passées seraient aujourd’hui source d’inégalités. La complexité du système repose moins cependant sur les conquêtes sociales passées que sur les réformes successives qui se sont employées à détricoter le droit au repos. Aujourd’hui, l’âge moyen du premier CDI est désormais à 29 ans, avant ce sont les études, le chômage et les contrats précaires. 43 années de cotisations sont nécessaires dans le système actuel pour prétendre à une retraite à taux plein. L’âge légal à 62 ans n’est donc même pas une réalité envisageable pour les jeunes. Pour elles et eux, il faudra au moins aller jusqu’à 67 ans et sans garantie d’une pension suffisante pour réellement arrêter de travailler. Le régime par points proposé ne répond pas à ces problématiques. Pire, il les aggrave. En prenant en compte l’intégralité de la carrière plutôt que les 25 meilleures années, il ajoute dans le calcul de la retraite des années d’exploitation à temps partiel pour des salaires au rabais. Pour beaucoup de jeunes, ce changement de règle les condamne d’ores et déjà à des pensions de misère qui ne leur permettront pas de se reposer. Le niveau des retraites est menacé par le plafonnement de leur montant total à 14 %, alors que la population vieillit. La valeur du point sera revue régulièrement, laissant planer le doute sur sa revalorisation, voire sa diminution, avec à la clé le risque d’une précarité accrue. Toutes les mesures de redistribution sont remises à plat et les premiers échos laissent voir une solidarité revue à la baisse. Les femmes, qui subissent davantage des périodes d’inactivité forcées, en seront les premières victimes. Cette réforme, en attaquant la solidité du système de retraite par solidarité, ouvre la porte aux assureurs privés et à la capitalisation. Pour garantir l’avenir du droit au repos, la solidarité nationale et intergénérationnelle est nécessaire. 

Nous demandons au gouvernement l’abandon du projet pour construire avec les forces politiques et syndicales qui le souhaitent un réel projet garantissant l’avenir du système de retraite. L’âge légal d’un départ à taux plein doit être fixé à 60 ans ou plus tôt pour les métiers qui le nécessitent. Les gains de productivité le permettent largement, la dignité l’exige. Le financement des retraites doit continuer de reposer sur les cotisations sociales. Il faut en finir avec les exonérations patronales non compensées, qui assèchent le financement des pensions. Les périodes de stage, d’apprentissage, etc., doivent être prises en compte dans le calcul des pensions, car il s’agit d’emplois qui doivent être reconnus pleinement. Les années d’études ne doivent plus pénaliser le droit au repos et être considérées comme validées. Ces revendications doivent être intégrées dans une réforme des retraites réellement plus simple et plus égalitaire. L’avenir du système de retraite ne peut pas se résumer à un équilibrage budgétaire. Jean-Paul Delevoye parle de projet de société. Quel message pour l’avenir la France veut-elle donner à ses jeunes ? En stigmatisant le droit au repos, en le dénonçant comme trop coûteux, c’est la solidarité nationale qui est attaquée. Un autre projet est possible. La solidarité doit vivre. La retraite est aussi une affaire de jeunes. 

Signataires : Jeunes Génération·s, Jeunes insoumis·es, Jeunesse ouvrière chrétienne, Jeunes socialistes, Mouvement jeunes communistes de France, Mouvement national lycéen, Mouvement rural de la jeunesse chrétienne, Union nationale lycéenne, Union nationale des étudiants de France.

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