Rassembler, construire une alternative de gauche

Antonio Gramsci (d’une actualité déconcertante) : “Le vieux monde se meurt, le nouveau tarde à apparaître, et dans ce clair-obscur surgissent les monstres”.

Point de vue Iain Levison,  écrivain américain

Est-ce que Bernie Sanders aurait eu plus de chances de battre Donald Trump ?

IAIN LEVISON C’est vraiment la seule question qui mérite d’être posée, donc n’espérez pas la voir soulevée dans la plupart des médias américains. La réponse est un oui retentissant. Sanders aurait mis une raclée à Trump. Tout le monde au Parti démocrate le savait quand ils l’ont mis hors jeu en juin. Les grandes entreprises donatrices voulaient rester sur leur choix, Clinton, car elles savaient que leurs investissements seraient préservés. Elles ne voulaient pas de quelqu’un qui aurait pu mettre leurs profits en danger avec un gouvernement responsable. C’est entièrement de leur faute. Ils ont fait un pari et ont perdu. Les démocrates vont peut-être se rendre compte que vendre leur âme aux grandes entreprises ne leur permettra plus d’être élus. C’est la seule chose positive qui peut sortir de tout cela.

France : « Rassembler ceux qui se sont retrouvés contre la loi travail »

Pour Serge Regourd,  la seule ligne à adopter est celle d’un rassemblement de tous ceux qui se trouvent à la gauche de la gauche gouvernementale.
ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AUDREY LOUSSOUARN – JEUDI, 10 NOVEMBRE, 2016 – L’HUMANITÉ

Samedi, le collectif de l’Appel des 100 se réunit pour une convention nationale. Le but : construire une alternative à la gauche de la majorité gouvernementale. Entretien avec un de ses membres, Serge Regourd.

Serge Regourd, universitaire et élu conseiller régional (liste Nouveau Monde en commun) de Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon, est membre de l’Appel des 100, collectif de personnalités d’horizons divers lancé en mai dernier pour appeler à l’union de la gauche opposée aux politiques gouvernementales. Samedi, à Montreuil (Seine-Saint-Denis), elles se réunissent pour « s’accorder sur une plateforme de mesures d’urgence pour la prochaine mandature » autour de cinq « priorités » et cinquante propositions, collectées lors de réunions politiques à travers la France.

En quoi, cet Appel des 100 peut jouer un rôle dans le contexte politique actuel?

Serge Regourd Les prochaines échéances électorales se présentent mal pour la « vraie gauche ». La politique menée par Hollande et le gouvernement Valls est complètement délégitimée pour parler au nom de la gauche. Le premier ministre a déclaré qu’il existait deux gauches irréconciliables. À partir de là, nous pouvons en déduire qu’il existe bien une gauche qui a cessé, depuis un certain temps, d’être à gauche. Le résultat de leur renonciation pourrait aboutir à une bérézina, soit un second tour entre la droite et l’extrême droite. Dans ce contexte, je suis convaincu que la seule ligne à adopter est celle d’un rassemblement de tous ceux qui se trouvent à la gauche de la gauche gouvernementale. J’ai un exemple concret de rassemblement victorieux dans ma région. Quand, en revanche, les forces partent à la bataille dispersées, elles sont éliminées dès le premier tour.

Dans ce collectif, se retrouvent des personnalités politiques de toute la gauche alternative, mais aussi des universitaires, intellectuels et syndicalistes.

Serge Regourd Dans cet appel, se côtoient les composantes du Front de gauche, Europe Écologie-les Verts, les frondeurs socialistes et les mouvements associatifs, qui se retrouvent sur un certain nombre de valeurs. Comment passe-t-on de cette réalité sociale et sociologique d’analyses partagées à une traduction politique ? Il y a toute une diversité des courants politiques qui s’est retrouvée ensemble dans la rue contre la loi El Khomri. L’idée est de les respecter et de les unir. Sans leur imposer une marque de fabrique. Avec ce rassemblement, il reste une chance de continuer d’exister et surtout de peser.

Quel est le but final de cet appel ?

Serge Regourd Nous nous heurtons à une réalité de dispersion des candidatures. Jean-Luc Mélenchon a fait savoir que sa logique était unilatérale, les écologistes ont eu leur propre primaire, des frondeurs PS vont participer à la primaire socialiste et les communistes envisagent de présenter leur propre candidat. Je continue à croire à la vertu pédagogique et politique de l’Appel des 100. Il peut peser sur l’œuvre programmatique. C’est sur une autre échéance électorale, en l’occurrence les législatives, qu’il pourrait exister une traduction politique avec l’adoption de ce projet, partagé par une diversité des forces politiques. Quand Jean-Luc Mélenchon prévoit déjà de proposer un candidat de La France insoumise par circonscription, l’Appel des 100 reste ouvert à la pluralité et à toutes les potentialités de ce qui compose la vraie gauche.

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