Gouvernement Bayrou : un recyclage de produits périmés. Un échec assuré
Tout ça pour ça !
La nomination de François Bayrou sentait déjà le mauvais remake. Ses appels à œuvrer pour « l’intérêt général », son prétendu sens du « compromis » aurait dû le conduire à trouver une issue à la crise institutionnelle, comme le lui enjoignait le Nouveau Front populaire.
Le premier ministre a préféré claquer la porte au nez de la gauche. Résultat, la composition de son gouvernement n’est qu’un piètre recyclage de ce qui a échoué et conduit la France dans une voie sans issue. Ce n’est pas une poignée de dirigeants « Les Républicains » – quatrième force aux législatives –, ni des macronistes serviles, dont le pedigree symbolise le naufrage du projet présidentiel, qui pourront renouer le lien avec les citoyens.
Fait d’« offre publique de participation », François Bayrou a raclé les fonds de tiroirs. La reconduction au ministère de l’Intérieur de Bruno Retailleau, obsédé par l’immigration au point de faire sienne la préférence nationale chère au Rassemblement national, ou encore le pathétique repêchage d’Élisabeth Borne, madame 49.3 sur les retraites, sont autant de signaux de mépris envoyés aux Français.
La prétendue ouverture à gauche se solde par le retraitement de ministres en rupture de ban depuis longtemps avec leur famille politique, à l’image de François Rebsamen, dont le passage au ministère du Travail a laissé de bien mauvais souvenirs aux salariés. Quant à la nomination de Manuel Valls, elle relève de la vaste pantalonnade.
La feuille de route du nouvel exécutif est claire : « à droite toute ». Cet aréopage a pour seule mission d’achever les chantiers interrompus de Michel Barnier. « Il faut faire des économies », se défend le locataire de Matignon, qui n’a retenu aucune leçon de la censure.
C’est l’austérité prêchée par son prédécesseur et le recours au 49.3 pour imposer des coupes budgétaires records qui lui ont coûté son poste. François Bayrou n’échappera pas à la même sanction. Sa planche de salut se résume à l’extrême droite et à la répétition d’un dangereux tête-à-tête avec le Rassemblement national auquel il devra sans cesse donner des gages. C’est ce qu’il a commencé à faire, en écartant Xavier Bertrand du gouvernement, comme l’exigeaient les lepénistes. Ce gouvernement est en sursis.
Cathy Dos Santos,
Rédactrice en chef de L’Humanité
Yvon Huet, journaliste :
FIN D’INTERLUDE…
Le Président de la République nous a concocté une version tragique de la République de Weimar des années 30 allemandes, sachant que nous risquons un dénouement du même genre. On reste sans voix face à cette irresponsabilité rance d’une gouvernance qui nous prépare le pire… Histoire d’en rire, après la nomination de Manuel Valls, on peut se demander si Daniel Cohn-Bendit ne serait pas consenti comme secrétaire d’État à la petite enfance dans la tendance d’une décadence pitoyable de la démocratie en France.
Il va falloir que la gauche assume la gravité de la situation et qu’elle sache reconstruire un véritable espoir de changement, pas une pitrerie populiste incantatoire qui ne pourra pas faire jeu égal avec l’extrême droite dont on peut dire qu’elle est aux portes du pouvoir.
En attendant le meilleur possible pour nous toutes et tous, je vous souhaite quelques moments de chaude convivialité avant d’affronter le dur… Meilleures pensées aussi à nos amis cubains qui viennent encore de subir ce matin un nouveau tremblement de terre.
José Fort, journaliste :
Valls, méprisable et danger pour la République.
La présence de M. Manuel Valls dans le gouvernement de M. Bayrou, au-delà de la pantalonnade, doit être prise au sérieux : elle s’apparente à de douloureux souvenirs historiques de personnages dits « de gauche » ayant versés dans l’extrême droite puis dans le fascisme.
M. Valls poursuit une tradition familiale : en Espagne, son grand père vomissait sa haine des Républicains à la radio, ses parents, les temps devenus « compliqués », préférant les alpages suisses puis la bonne cuisine française.
Manuel Valls est le pur produit de la socialdémocratie passée à l’extrême droite. En fait, tout son parcours est resté fidèle à son passé familial : fréquentations douteuses aux extrêmes : à droite comme à gauche.
Il a tout fait : conseiller presse du premier ministre Jospin, candidat sans succès aux forceps à Argenteuil, propulsé avec succès du côté de l’Essonne, avec l’amicale complicité des communistes locaux. Puis, une avenue, un boulevard dans le monde PS avec à ses côtés Rocard, Mélenchon et quelques autres. La socialdémocratie mène à tout : au pire surtout.
Valls, c’est ça. Pas seulement. Il a été mis en piste par MM. Jospin et Hollande. Et maintenant par Macron qu’il détestait mais avec qui il faut bien composer pour exister. Valls, n’est pas seulement méprisable. Cet homme est un danger pour la République.