A propos des cent ans du drapeau breton, réflexions sur une imposture.

le festival inter-celtique à Lorient fête “le centenaire du drapeau Breton”.

Ci-joint l’histoire de la naissance du drapeau Breton ,ainsi que les promoteurs de l’Europe des Régions démembrant la Nation Française

à méditer, “Un Peuple sans mémoire est un Peuple à revivre son passé”

texte de Daniel Morel ancien secrétaire départemental du SNES 22 :

La Bretagne tout entière est appelée à célébrer le drapeau gwenn ha du, à l’appel notamment du Conseil Régional, relayé par le F.I.L. ces jours-ci et par toutes les instances et presse au service de la cause…

Il est plus que jamais indispensable d’en rappeler les origines, le sens , et sa triste histoire…Le tapage actuel nous en donne l’occasion…

Je pense qu’il faut bien comprendre ce que représente le Festival de Lorient… Il a été créé par Polig Monjarret, membre du P.N.B., collabo patenté qui a inventé après la guerre, les Bagad, avec cornemuses écossaises, tambours, défilés au pas cadencé , sur le modèle des “bagadou-Stourm” des milices de P.N.B. pendant la guerre…Monjarret a sa statue à Lorient…A Guingamp une rue à son nom a été refusée par le Conseil .Municipal.et une tentative a été mise en échec à Pommerit-le-Vicomte, son lieu de naissance …

Le F.I.L est de fait une des tribunes politiques de la Région et de tout le lobby sous le couvert de la ” culture bretonne”

On est donc passé du festif d’avant-guerre, avec pour exemple la fête de Pont-Labbé,présidé par Marcel CACHIN directeur de l’Humanité au militaire, dans ces défilés qui marchent au pas de “La Marche des Chouans de Cadoudal”, air emblématique des grands festivals… F.I.L. Cornouailles, Saint-Loup à Guingamp…

Jean-Claude CARO

Saint-Brieuc


Derrière le drapeau

Derrière le drapeau, “gwenn-ha-du” des miliciens du P.N.B1., se pavane aujourd’hui et défile à l’occasion, le gratin des industriels de l’agro-alimentaire et autres fortunes bretonnes, réunis dans l’Institut de Locarn, le Club des Trente, Produit en Bretagne …(Glon-Sanders, Doux- Yer Breizh2 Pinault, Bolloré, Rocher, Hénaff3, Roué-, etc…), le bureau du Conseil régional, les “députés bretons” (sic) , chantant en chœur le 6 avril dernier, le “Bro-goz- ma- za-dousur les marches de l’Assemblée Nationale pour fêter, autour du chouan de Ploërmel, la loi d’immersion des enfants dans une langue que les bretonnants ne comprennent pas.

. Gwenn-ha-du?

. “Bro-goz”?

. Loi Molac?

Trois héritages masqués, pour une “Bretagne laboratoire” de l’Europe libérale des régions qui avance désormais au grand jour, sous la houlette des lobbies, nouvelles féodalités, pour démembrer la Nation française, son histoire, sa langue, sa laïcité, ses services publics, ses conquêtes sociales.

Le Gwenn-ha-du:

1) Les symboles:

Noir sur fond blanc, couleurs de la Curie romaine et de la monarchie. Dans le carré gauche, les queues d’hermines noires des bannières et écussons des ducs et de la noblesse de Bretagne. Les bandes horizontales, symbolisent les évéchés de l’Ancien Régime4, blanches pour les “pays” bretonnants, Léon, Trégor, Cornouaille, Vannetais, noires pour les “pays”gallos, Rennes, Nantes, Dol, Saint-Malo et Penthièvre.

Il fallait et il faut encore donner l’illusion d’une Bretagne que souderaient ses “pays”.

Il fallait et il faut encore escamoter la Révolution française, – attaquée de biais aujourd’hui en permanence sous le vocable “jacobin”-5, et plonger la Bretagne dans un passé mythique de fausse liberté.

2) L’ histoire du drapeau:

-1923: Création par Maurice Marchal, fondateur du journal “Breiz-Atao,” en 1919.

– 1925: Le Gwenn-ha-du devient l’emblème dudit journal, frappé quelque temps du “Hévoud” germano-celtique, à savoir de la Croix gammée.

-1925: Il est déployé pour la première fois lors de l’Exposition des Arts Décoratifs à Paris, à l’initiative du groupe d’artistes du “Seiz-Breur” ( 7 frères) qui prônent un “art national breton”, dans le sillage de Breiz-Atao. Il flottera à nouveau sur le village breton de “ l’Exposition internationale des Arts et des Techniques dans la Vie moderne6, de Paris, en 1937, à l’initiative du même Seiz-Breur.

– 1927: Les animateurs du journal Breiz-Atao fondent le Parti Autonomiste Breton, P.A.B au Congrès de Rosporden, lequel devient P.N.B., Parti National Breton en 1931, et se donnent le Gwenn-ha-du comme emblème.

– 1932-1939: Une “armée bretonne”, sous le nom de Gwenn-Ha-Du, animée par Célestin Laîné, se livre à des plasticages d’édifices publics à Rennes puis à Quimper, Vannes, Pontivy, Nantes, Saint-Brieuc, se fait livrer des armes par l’Allemagne à Locquirec et prépare une “insurrection” en soutien à l’invasion allemande attendue, cependant que les chefs les plus éminents deBreiz-Atao se réfugient outre-Rhin.

-1940 s’engouffrant dans la brèche de la défaite française et de l’abolition de la République, le P.N.B. proclame à Pontivy , le 3 juillet, sur le balcon du château féodal de la famille Rohan, la constitution d’un Conseil National Breton, proposant à l’occupant la création d’un Etat breton séparé de la France, dans le cadre de l’EUROPE NOUVELLE que les armées allemandes mettent en place.

-1940-1944: le P.N.B., nationaliste, et ses satellites qui se disent “provincialistes”, ou encore “régionalistes” ont leur presse, financée par l’occupant: l’ hebdomadaire, l’”Heure Bretonne 7”, complété en 1941 du quotidien, “la Bretagne”, de Yann Fouéré, de la revue Arvor” ( Roparz Hémon, Youenn Drezen) et quelques autres feuilles , s’expriment à Radio-Rennes (Roparz Hémon, François Eliès) , étendent leur empire sur la Dépèche de Brest8 , diffusent les messages du Führer, se félicitent des succès de la Wehrmacht et des mesures antisémites de Vichy. Le P.N.B. a ses milices, les Bagadou Stourm, le Bezen- Kadoudal, et pour finir, en 1944, le Bezen-Perrot qui, – sous le commandement du même Célestin Laîné du Gwenn-ha-du-, traque les maquis sous l’uniforme S.S…Il a ses agents, affiliés à la Gestapo ( S.D., Sicherheitdienst). On dénonce les actes de la Résistance,- les patriotes sont des “bandits”, des “terroristes”-, appelle à la délation, on livre à la torture, à la déportation, à la mort , toujours sous les couleurs du Gwen-ha-du, lequel sera interdit à la Libération quand ces gens, à l’exception de nombreux chefs en fuite , auront des comptes à rendre à la France libérée.

– Aujourd’hui, le même drapeau, symbole de revendications et slogans remis au goût du jour, flotte sur les mairies, associé au drapeau bleu-ciel étoilé européen de la Vierge-Marie. Il s’est immiscé sur les plaques d’immatriculation de nos voitures, est brandi en d’innombrables exemplaires et gigantesques formats dans les rassemblements et festivités de toute nature, sur les routes du Tour de France notamment, sature littéralement l’espace public.

Il est devenu,par un tour de passe-passe”, écrit Olier Mordrel9 lui-même, “ le Drapeau de la Bretagne”!….

Triste héritage!…

1 P.N.B.: Le Parti National Breton. Organisation politique des nationalistes bretons, le P.N.B. avait ses milices et infiltrait les réseaux de Résistance. C’est un membre du P.N.B., qui livra à la Gestapo, le 10 décembre 1943, 20 lycéens et normaliens de Saint-Brieuc … 3 fusillés, 9 déportés, ( trois survivront!)

L’image ci-jointe d’un milicien drapé du “gwenn-ha-du” ( l’ Heure Bretonne du 22 juillet 1943), s’accompagne de l’appel :

Notre jeunesse trace à la Bretagne un avenir meilleur”

Jeunes Bretons, ralliez les organisations du P.N.B.

2Doux-Yer Breizh: La poule bretonne”(sic), 2 juillet 2018, entrée officielle de la Région Bretagne dans le capital de l’entreprise Doux “restructurée”, qui passera de 5 à 33% sous l’effet de rachats aux partenaires industriels , premier exemple d’entrée d’une région dans le capital d’une entreprise privée, rendue possible sous l’effet des lois de décentralisation de 2015 et commentée par Chesnais-Girard:On ne peut pas attaquer un nouveau marché sans être rassemblés...”

3Loïc Hénaff, président de Produit en Bretagne ( siège à Locarn), pieuvre qui a mis ses tentacules sur la quasi totalité des activités régionales, presse et “économie culturelle” comprises et Jean-Marc Roué, héritier de l’empire de Gourvennec ( Triskalia- Eureden, Prince de Bretagne, Savéol, etc., Britanny Ferries) , accompagnaient Chesnais-Girard en Irlande , en mars 2020 , pour préparer avec les “nations celtes” (sic) “un sommet celtique” européen qui devait se tenir cette année-là dans le cadre du Festival Interceltique de Lorient.

Loïc Hénaff a rejoint Chesnais-Girard au Conseil régional, élu sur la liste “La Bretagne avec Loïg”.

4 Référence à la province “Bretagne “, “ pays d’Etats” de l’Ancien Régime, période d’une domination totale des aristocrates et du clergé.

5Jacobin: ce mot est devenu une insulte dans la bouche de nos régionalistes. Le Drian, Chesnais-Girard et autres Ferrand, Molac,,.. ne manquent pas se réclamer de l’idéologie “girondine”, “fédéraliste” , reprise par Macron à Quimper en 2018 sous le vocable” Pacte girondin”. La palme pourrait être attribuée à l’U.D.B., “parti de gauche”, ( sic), allié des Verts aux Régionales qui estime que” “le jacobinisme est une prison dont le peuple breton doit se libérer”, O.F. du 27 mai 2021.. C’est pourtant “le Club breton” des députés de la Constituante devenu “Club des Jacobins”, du nom du couvent des Jacobins où il s’était installé qui a fait liquider les privilèges nobiliaires de la province, appelées”libertés bretonnes”, dans la nuit du 4 août 1789!

6UnComité breton” de l’Exposition était présidé par Octave-Louis Aubert ( 1970-1950), fondateur en 1922, à Saint-Brieuc, de La Bretagne Touristique, “ Revue illustrée des Intérêts bretons” pilotée par une “élite” d’entrepreneurs, de professions libérales, de notables et de gens de plume régionaux qui s’adressaient à leurs pairs locaux et d’outre-Couesnon pour valoriser le produit Bretagne, ses sites, ses costumes, ses monuments, sa race, ses légendes, sa résistance à la Révolution par l’éloge de la chouannerie. Les artistes du Seiz-breur en furent les principaux illustrateurs. O.L. Aubert présida aussi la Chambre du Commerce des Côtes-du- Nord, de 1930 à 1945.

7 Hebdomadaire installé le 14 juillet 1940, avec pour premier rédacteur en chef, Morvan Lebesque ( 1911-1972) , qui appelait l’Angleterre à la reddition et traitait Churchill de “fou”. Militant Breiz-Atao des plus virulents, il en reprendra les thèses et les revendications en les “gauchisant”, dans “Comment peut-on être Breton?”, (Seuil 1972)

8Yann Fouéré, Joseph Martray; cf. Henri Fréville: La Presse bretonne dans la tourmente, Plon 1979

9Olivier Mordrelle, ( Olier Mordrel),La Voie de la Bretagne”, Nature et Bretagne, 1975, p. 14.

Mordrel, animateur historique de premier plan de Breiz-Atao, revenu d’Allemagne avec la Wehrmacht en 1940, présidera avec François Debauvais le Conseil National Breton(C.N.B.) proclamé à Pontivy et se verra confier L’Heure Bretonne par l’Abwehr( Service secret de la Wehrmacht), cf.. Fréville: “Archives secrètes de Bretagne 1940-1944”(1985), ouvrage-clé, réédité en 2004-2008 aux Editions Ouest-France, actualisé et doté d’un appareil critique par Françoise Morvan.


Texte de Daniel Morel :

Daniel Morel Saint- Brieuc, le 30 juillet 2021

Chers amis et camarades,

Je me permets de vous adresser quelques réflexions complémentaires à nos échanges, après lecture des quelques remarques qui m’ont été faites sur mon texte, notamment sur l’enseignement de la langue bretonne remis en première ligne avec la loi Molac et sur le soutien laïque d’avant et d’après-guerre à l’ensignement du breton.

1° On entretient une confusion permanente entre la langue bretonne et le territoire actuel de la Région élérgi à la Loire-Atlantique, hérité de celui de la province d’avant 1789 et du duché féodal d’avant l’Acte d’Union.(1532)

La langue bretonne concerne dans ses 4 dialectes, le tiers- ouest du territoire. Les deux autres tiers, que les Bretons1 appellent “pays gallo”, – à savoir “français” – on l’appelait aussi, “la Bretagne française”-, ont parlé, -abandonnant progressivement les dialectes gaulois, celtiques, – après la conquête romaine, la “langue romaine rustique” qui a évolué oralement, pendant plus d’un millénaire dans d’innombrables dialectes codifiés par les poètes au Moyen-âge en “langue d’oïl” et “langue d’oc”, (ancien français) pour aboutir au français de la Renaissance ( moyen français) que la fameuse ordonnance de Villers-Cotterets de François 1°( 1539), imposa pour remplacer le latin que seuls comprenaient les lettrés, dans tous les écrits officiels, administratifs, notariaux, juridiques, politiques, etc…La cible était alors le monopole écrit du latin de l’Eglise, des parlements et de l’Université, la Sorbonne, face à laquelle on crée le Collège de France où l’on enseigne, parle et écrit en français. En fait, l’Histoire de France et l’histoire de la langue française sont indissociables… ..Excusez-moi pour ces longueurs mais elles permettent d’évacuer le “gallo” de l’apppelletion “ langue régionale”. Le “gallo”, c’est du français oral, prononcé à l’ancienne, riche d’un vocabulaire oublié et de tournures grammaticales simplifiées mais enracinées dans le latin d’origine. Le “gallo” ne s’est jamais écrit, d’où ses innombrables et insaisissables variantes2.

Le duché de Bretagne, par ailleurs n’a jamais été la “terre” d’un “peuple” comme le prétendent le Bro-Goz et autres fables, mais le résultat d’une série de conquêtes d’Ouest en Est de Nominoé‘, chef de guerre du IX° siècle comme l’étaient les princes qui se disputaient les dépouilles de l’empire de Charlemagne. .. Maurice le Lannou 3 explique très bien l’histoire de cette formation du duché féodal. “Loin d’être le défenseur de la “patrie bretonne” préexistante, dit-il, Nominoé fut un “conquérant” qui faillit même aller bien plus loin vers l’est . Parler de “peuple breton” comme le font les autonomistes et autres européistes est donc un abus de langage et une falsification historique héritée du discours légitimiste de la Borderie et de ses disciples

Parler de “langue régionale”s’agissant du breton est aussi une ineptie puisqu’elle ne concerne que l’ouest se la région… Les gens de l’Union Régionaliste Bretonne eux-mêmes du début du XX°, bretonnants qui écrivaient le breton, n’allaient pas jusque-là . Monarchistes pour la plupart, rarement républicains, ils défendaient la langue bretonne de l’époque là où on la parlait.

 

Ceux de Breiz-Atao et leurs émules ont le plus souvent appris le breton en le “purifiant” pour être “plus bretons que breton”… On pourrait en faire une liste qui tiendrait une page, depuis Mordrel… jusqu’à Molac, en passant par Fouéré, Hémon, Denis, Sohier, Ménard, Servat, Stivel, etc..Ils ne sont pas bretonnants mais “brittophones”, et leur objectif est fondamentalement politique. On s’efforce,en effet , de celtiser la région tout entière sur la base d’une néo-langue hors sol qu n’est parlée en interne que par des initiés, militants de la cause, ce qui de fait, contribue largement à éliminer le breton populaire ancré dans une histoire, un patrimoine, une vie sociale ancestrale… et dans une fidèlité sans faille à la France4… La signalétique , souvent des plus fantaisistes , étendue au pays gallo en est une ridicule illustration … Il suffit de lire les appellations des gares entre Saint-Brieuc et Rennes pour s’en convaincre…

2°- Quant au soutien laïque et en particulier communiste, notamment de Marcel Cachin aux revendications linguistiques, il est juste d’y faire référence, mais il faut le reconstitualiser:

Je viens de visionner la vidéo réjouissante d’une grande fête du Parti intitulée “Breiz nevez”, en 1938, avec défilé de chars, de groupes de danseurs et danseuses derrière bombardes et binious,..-sans les tambours et cornemuses qui rythment aujourd’hui le pas cadencé du F.I.L -,… Des milliers de Bretons et Bretonnes en costumes et coiffes de tout le Sud-Finistère, pour soutenir la politique du Parti au sein du Front populaire, le 7 aôut de cette année-là, à Pont-l’Abbé, à l’initiative des “Bretons Emancipés” et en présence de Marcel Cachin… On ne défile pas derrière le sinistre Gwenn-ha-du mais on danse et on chante derrière des drapeaux tricolores et des drapeaux rouges avec marteau et faucille. On ne chante pas le lugubre “Bro-goz” mais l’Internationale en breton… Tout y est dit!… On se battait encore en Bretagne pour le Front Populaire, tombé hélas depuis avril lorsque Daladier succéde à Léon Blum à la présidence du Conseil.

. On sait que dans les années 1930, au nom du droit de “minorités” et des “petites nations”, et dans sa volonté de combattre l’exploitation capitaliste portée par la République bourgeoise, le Parti s’est montré quelque temps ouvert aux mouvements régionalistes – qui, selon la coutume mensongère de l’extrême-Droite, affichaient des revendications sociales- … Alsace, Corse, Pays basque, Flandre, Bretagne .. . et a lui-même développé un courant émancipateur auprès des Bretons d’Ile-de- France, en se démarquant toutefois de l’idéologie de Breiz-Atao. Yann Sohier, instituteur à Plourivo, militant de la première heure de Breiz-Atao puis du P.N.B., s’était lié d’amitié avec Marcel Cachin, et, avec son mentor, François Eliès, professeur au Lycée de Saint-Brieuc, Breton du Léon, se disait “communiste internationaliste”…

Ceci dit, ce grand écart a volé en éclats avec le Front Populaire et, sous l’impulsion de Maurice Thorez, le Parti s’est référé dans ses luttes à la tradition nationale de la Révolution française, celle des “sans-culottes” et des “Soldats de l’An II” de 1792-93 , derrière le drapeau tricolore associé au drapeau rouge, derrière la Marseillaise associée à l’Internationale … C’est dans ce contexte qu’on peut comprendre la ferveur de Pont-l’Abbé en 1938…La même année d’ailleurs, dans un discours au Sénat, Marcel Cachin, le 20 décembre, dénonçait vigoureusement la collusion des autonomistes et de l’Allemagne nazie.

Sohier est mort en 1935, Marcel Cachin était à ses obsèques. Quant à Eliès, dès 1940, il a rejoint Roparz Hémon de retour d’Allemagne, à Radio-Rennes, pour des émissions en breton et des articles dans la presse nationaliste. Condamné à la Libération, il n’est jamais revenu à Saint-Brieuc.

Sohier donc à la Libération est devenu le symbole laïque de la langue bretonne, porté par les instituteurs qui souhaitaient sa reconnaissance scolaire là où on le parlait, porté aussi par les chevaux de retour animateurs du C.E.L.I.B. et créateurs du M.O.B., ex. collabos amnistiés ( Fouéré…) ou passés entre les mailles du filet ( Martray, Creston…) et aujourd’hui par Diwan et ses partisans qui tiennent en lui un précurseur, pur chevalier de la langue bretonne, , désintéressé, exempt de visées politiques, ce qui est très contestable. Mona Ozouf, sa fille, qui tissse à cette occasion sa propre légende, est devenue depuis quelques années l’icône de cette légende et ce n’est pas par hasard!

Mona Ozouf, en effet, qui patauge aujourd’hui dans les eaux du Figaro, fut la disciple inconditionnelle et la collaboratrice de François Furet, historien révisionniste qui a jeté un os à ronger dans la mare médiatique des années 1970-1980, décrétant que la Révolution n’était que l’aboutissement d’une évolution irréversible de l’Ancien Régime qui avait trouvé son point d’achèvement en 1790-91 avec la mise en place d’une monarchie constitutionnelle. La suite, à savoir l’entrée en scène des forces populaires pour imposer la République, n’avait été qu’une dérive incontrôlée, portée par les Jacobins inspirés du Contrat Social de Rousseau, germe de toutes les dérives “totalitaires” (sic) qui auraient suivi, notamment, la Révolution d’Octobre….Une remise en question totale ,-et portée par le courant ambiant européiste dans une opération de marketting bien orchestrée-, des travaux de l’”Ecole des Annales”, et de la chaîne d’historiens amorcée par Jaurès ( “Histoire Socialiste de la Révolution Française”), prolongée par l’ouverture d’une chaire “Révolution Francaise” à la Sorbonne, animée par des historiens inspirés du marxisme, Mathiez, Lefebvre, Soboul ….lesquels ont fait la démonstration que la période jacobine de la Révolution portait en germe tout le potentiel révolutionnaire populaire de la Nation: 1848, la Commune, le Front populaire, les avancées sociales issues de la Résistance...

Pour Furet-Ozouf, “la Révolution est terminée5

Il se trouve que Jean-Pierre Chevènement, encore ministre dans ces années-là a choisi Michel Vovelle, historien communiste, pour présider le Comité scientifique de la Commémoration du Bicentenare de la Révolution française,6 Pied de nez aux “girondins- furettistes” qui n’ont cessé , Mona Ozouf en tête, de lui mettre des bâtons dans les roues… Enfin, il a tenu le coup … Il a même saisi cette occasion pour publier un ouvrage remarquable en 5 gros volumes: “1789-1799, la Révolution Française, Images et récits”, Livre club Diderot Messidor, 1987.

La Révolution et sa “bataille” n’est donc pas terminée!

Salut et fraternité!

Daniel

1Dans les années 1950, à Saint-Brieuc, par exemple, n’était “breton” que le bretonnant, issu du “pays breton”… Son bilinguisme, loin d’être méprisé, s’accompagnait généralement d’un maîtrise de la langue française supérieure à celle des milieux populaires briochins.

2Pour l’avoir parlé dans ma famille maternelle, dans les campagnes de Plouvara, Plerneuf, Saint-Donan et à Cesson, je peux en faire la démonstration auprès de tous les pseudo-spécialistes autoproclamés de la “langue gallèse”.

3La Bretagne et les Bretons”, P.U.F. 1978 . Maurice le Lannou, né et mort à Plouha ( 1906-1992), bretonnant natif, historien-géographe de renommée internationale, prof. d’université à Rennes, Lyon, au Collège de France, un des grands spécialistes,- comme par hasard oublié!,- de la Bretagne et résistant. On peut lire avec profit, “ Un Bleu de Bretagne”,Souvenirs d’un fils d’instituteur dela III° République ( hachette, 1979)

4La chouannerie par exemple, a très peu concerné le Pays breton, en dehors de quelques fiefs du Morbihan et du Léon…Quant à la Résistance, il suffit d’en regarder la carte pour constater qu’elle fut beaucoup plus active en pays breton qu’en pays gallo.

5Je ne peux pas m’empêcher de constater que Molac, le chouan de Ploërmel, et ses suppôts, se situent aujourd’hui de ce côté-là, sous couvert de “ l’identité bretonne” qui se doit de “résister” à la France “jacobine”!

6Michel Vovelle: “La bataille du bicentenaire de la Révolution française”, La Découverte, juin 2017.


A signaler la sortie actuelle du livre très documenté de Daniel Quillivic :

Mon ouvrage sur l’historique du Bro Goz (mais pas seulement) peut être désormais réservé auprès du (ou de la) libraire de votre choix.
Un écrit que d’aucuns vont détester… Amitiés, Daniel

INFOS PRATIQUES : Diffusé par Hachette Distribution (le préciser à la commande). ‘’BRO GOZ L’IMPOSTURE Ce qu’ils ne vous diront pas’’ de Daniel Quillivic, éditions Vérone. Format 15×21, 562 pages, 28 euros 

Résumé

– Le Bro goz ma zadou n’est qu’un chant. Pourquoi en faire toute une histoire ? – Justement, parce qu’il en a une, d’Histoire ! – Bah ! Elle est bien bonne, celle-là ! Bien sûr qu’il en a une. On l’a étudiée, argumentée, approfondie. Elle est connue, en toute transparence elle est venue à notre connaissance. Alors ! – Alors ? Il arrive de temps à autre que les éléments de la connaissance apparaissent sous la transparence d’un prisme où le virtuel devient réalité imposée, certitude de l’évidence pourtant tronquée.
Le récit, à l’aspect d’un limpide déroulement des faits, les ont réellement dénaturés. Les visées du discours captieux viennent, alors, d’atteindre leur but. – Il est difficile de croire que de procédés aussi retors aient été utilisés dans l’élaboration de “?l’Histoire?” du Bro goz ma zadou. –

Au risque de vous décevoir, malheureusement, si.. Enseignant retraité de l’Éducation Nationale ayant suivi sa formation à l’École Normale de Quimper, puis à celle de Rennes, Daniel Quillivic, intervient, au cours de sa carrière, auprès d’élèves en mal de réussite scolaire. Fervent militant syndical durant sa période d’activité, il est toujours syndiqué aujourd’hui. Son engagement s’attache à éveiller les consciences dans un esprit de liberté, fraternité, d’égalité, de respect, de tolérance – en un mot, d’humanisme.

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