L’exode forcé des Arméniens du Haut-Karabakh. Violence de l’indifférence

L’offensive éclair menée par Bakou le 19 septembre a forcé les autorités la république autoproclamée à la capitulation. Depuis, la population autochtone de cette région du Caucase ne cesse d’affluer à la frontière arménienne. C’est l’exil forcé pour les Arméniens du Haut-Karabakh.
COMMUNIQUE DE PRESSE DU PCF
Arménie : « Nous en sommes venus au temps où l’humanité ne peut plus vivre avec, dans sa cave, le cadavre d’un peuple assassiné » (Jaurès)
L’Astrakh est en train de disparaître sous nos yeux. Les autorités de la République ont annoncé la dissolution des institutions au 1er janvier 2024. Des dizaines de milliers d’Arméniens ont déjà fui leur territoire pour rejoindre, dans des conditions humanitaires effroyables, la République d’Arménie. C’est une véritable épuration ethnique qui est en cours, sans susciter aucune réaction internationale concrète.
Nous n’en serions pas là, si la France et d’autres pays avaient reconnu la République d’Astrakh, comme le PCF le demandait dès 2019, ni si l’Union Européenne, au lieu de négocier l’accord du gaz de la honte avec l’Azerbaïdjan, avait défendu le droit des peuples à la sécurité et à la paix.
Le peuple arménien, courageux, reste seul alors qu’il est menacé dans son existence. Le dictateur d’Azerbaïdjan Aliev a déjà annoncé qu’il ne s’arrêterait pas là. Il menace directement le territoire de la République d’Arménie, notamment la province du Syunik pour assurer une continuité territoriale avec l’enclave azerbaidjanaise du Nakhitchevan.
La France doit être à la hauteur de son histoire, en se plaçant résolument aux côtés du peuple arménien. La décision prise d’ouvrir une antenne consulaire française dans la région du Syunik est un signe positif.
La France peut et doit aller plus loin. Il est urgent d’agir concrètement pour arrêter le processus en cours, qui peut à tout moment se traduire par un génocide si l’entreprise du dictateur Aliev et de ses soutiens n’est pas arrêtée.
Le PCF demande donc au gouvernement français :
– De cesser immédiatement la vente d’armes à l’Azerbaïdjan
– D’agir auprès de l’UE pour dénoncer l’accord sur le gaz d’Azerbaïdjan et pour imposer des sanctions diplomatiques et économiques aux régimes d’Aliev et d’Erdogan
– De préparer dans le cadre de l’ONU l’envoi immédiat d’une force de protection et d’interposition internationale. Si cela s’avérait impossible, la France ne doit pas se priver de la possibilité d’agir en toute indépendance, si les autorités arméniennes en font la demande et en coopération avec elles, pour protéger le peuple arménien et lui permettre de se défendre alors que son existence est menacée.
Parti communiste français, Paris, le 29 septembre 2023
Solène Bjornson-Langen, Cheffe de cabinet de Fabien Roussel, En charge des relations presse
06.74.45.15.92. www.pcf.fr

 


l’éditorial de Pierre Barbancey dans l’Humanité du 2 Octobre 2023

Le spectre du génocide

En voyant ces colonnes de voitures chargées à ras bord, transportant des familles entières aux yeux rougis par la fatigue et la peur, chassées de leurs maisons du Haut-Karabakh par l’armée de l’Azerbaïdjan, le souvenir du génocide hante les mémoires des Arméniens. Alors qu’un nettoyage ethnique est en cours, nul ne peut dire que l’Arménie est à l’abri.

Les déclarations rassurantes du président azéri, Ilham Aliyev, qui affirme vouloir respecter les populations restantes, ne convainquent personne. Et d’ailleurs, reste-t-il aujourd’hui des Arméniens au Haut-Karabakh, eux qui y vivaient depuis des siècles ?
L’urgence est de défendre ces femmes, ces hommes, ces enfants qui ont tout perdu. Il faut leur apporter soutien et solidarité, très vite.

Mais, dans le même temps, il convient de s’interroger sur l’échec de la diplomatie et la prégnance de la guerre comme solution, au Haut-Karabakh comme ailleurs dans le monde. Le langage des armes devient la norme et les conflits éclatent aux quatre coins de la planète. Un business juteux, partie intégrante de la géostratégie des États, comme le montre le soutien d’Israël à l’Azerbaïdjan.

Ceux qui voulaient y voir une offensive des musulmans azéris contre des chrétiens arméniens en sont pour leurs frais. De même, on ne saurait passer sous silence l’attitude de l’Union européenne, trop heureuse d’acheter le gaz d’Aliyev, quitte à lui laisser les mains libres dans sa guerre territoriale. Rien ne sert, ensuite, de pousser des cris d’orfraie comme le font les chancelleries européennes, dont Paris. En réalité, lorsque le canon tonne, c’est la paix qui meurt. Les milliards engloutis dans l’industrie de la mort sont soustraits à la vie, là-bas comme ici.

La guerre, c’est aussi une manière de dresser les peuples les uns contre les autres sous prétexte de langue, de religion, d’histoire et de culture différentes. C’est empêcher de poser la question ultime du bien-être des populations et de leur capacité à vivre ensemble au Haut-Karabakh.

Au Haut-Karabakh, un départ sans retour

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